Les bases du martelage/repoussage du cuir par Xarkhan. Ou comment faire de beaux motifs dans vos cuirs tannés végétaux.
Les outils
Le marbre (ou plutôt du granite!):
Note de Tiksam: cette plaque en pierre lourde et lisse a 2 fonctions:
Comme c'est de la pierre, le cuir mouillé reste humide et n'est pas absorbé par la table en bois, ne moisiera pas à force d'utilisation...
L'avantage de cette pierre est qu'elle absorbe les vibrations et chocs des coups de marteau. Le rendu du martelage est bien plus joli que si vous le faisiez sur autre chose. Tout bon artisant travaille sur une pierre lisse de la sorte.
Une table
avec si possible un pied central ( pour éviter tout effet de rebond). Il est impératif d’avoir une surface très ferme sinon votre martelage ne sera passez appuyé et votre matoir risque de rebondir et de marquer le cuir :
Les lissettes et formoirs :
Elles peuvent être en bois, corne ou plastique. Les lissettes ont pour but de réaliser une ligne parallèle au bord de la pièce. En faisant des allers-retours le cuir est chauffé et prendra moins la teinture. C’est esthétique mais aussi pratique car ce trait peut servir de guide pour la couture (voir plus bas un exemple)
Sur un cuir naturel (non teinté) il faut mouiller le cuir au préalable. Sur un cuir teinté cette opération est inutile car les traitements de surface au niveau de la fleur, ne laissent plus pénétrer l’eau. Par contre, il faut absolument éviter les lissettes en plastiques (celle du milieu sur la photo) qui risquent de fondre sur le cuir teinté !
Le « swivel knife » ou couteau à inciser en français :
Ici on peut voir différentes lames de swivel (qui sont interchangeables) Les 2 premières en acier (qu’il faut aiguiser) et les suivantes en céramiques (inusables). La dernière permet notamment de découper deux traits parallèle.
Des matoirs :
Généralités : plus un matoir est petit plus il marquera le cuir, il faut donc adapter sa force de frappe en fonction du matoir que l’on utilise. Les familles les plus courantes (classification personnelle car chacun est libre d’utiliser un matoir en fonction de son besoin, imagination...) :
Beveler :
ces matoirs servent à marteler le contour de vos créations en donnant du volume. Il suffit de tenir le matoir bien droit et d’écraser du côté de la zone qui se trouve en second plan.
Il faut faire glisser le matoir le long du trait de coupe et avoir une frappe de force régulière pour éviter de voir la marque de l’outil. Ces matoirs (surtout les 3 premiers de la photo de gauche) sont les plus importants, avec eux vous faites 90% du travail .
C’est avec eux que l’on parle de repoussage qui laisse libre cours à votre imagination.
Référence des matoirs (du plus petit au plus grand) :
B935, B203, B197, B201
Repoussage - martelage : Frères ennemis.
Le but du repoussage est de rendre invisible le matoir au profit du motif.
Pour le martelage c’est l’inverse, il s’agit de mettre en valeur le matoir en l’associant avec d’autres.
Le travail le plus noble étant bien entendu le repoussage qui demande plus de savoir faire mais offre aussi beaucoup plus de possibilité.
De fond :
Ces matoirs permettent de donner un effet de surface
Référence de ceux que j’utilise le plus :
- Nom perso : "Sable"A104 et A104-2 (plus petit)
- "Chaos" : E294-04, E294, E294-03
- "Dinosaure" : M881, M882, M884
- "Bambou" : M656
Exemples :
De bordure :
Matoirs à motifs :
Matoirs qui imitent un tressage :
Exemple :
Matoirs lettres :
Matoirs improvisés :
Un maillet :
L’idéal : le maillet en rawhide (peau crue), à droite sur la photo. L’essayer c’est l’adopter !
Une éponge et de l’eau
Un stylet pointe fine
Celui du Haut pour retranscrire les motifs. Mais ces deux stylets permettent de travailler le cuir (sans maillet)
Travail préparatoire :
- Préparer son dessin
- Le reporter sur un calque. Prenez un papier claque épais si vous souhaitez reporter plusieurs fois votre motif.
Les différentes étapes :
1 / Découpe du cuir
2 / Abat Carrer si besoin
3 / Mouiller légèrement toute la surface du cuir jusqu’à ce que la couleur du cuir soit uniforme.
Si vous ne mouillez pas toute la surface vous prenez le risque d’avoir des tâches après teinture.
Cuir partiellement humidifié
Cuir correctement humidifié (à gauche) et cuir non mouillé
4 / Passer un coup de lissette (optionnel)
Lissette plastique avec gorge pour les zones simples
Lissette en bois pour les zones plus difficiles d’accès
5 / Reporter votre dessin en posant votre calque sur le cuir et en suivant les traits avec le stylet. Inutile d’appuyer trop fort.
positionnement du calque
report du motif avec le stylet pointe fine
Motif reporté :
Si vous devez réaliser le motif deux fois en miroir, vous allez repasser sur l’envers de votre calque et laisser du graphite sur le cuir (comme sur la photo ci-dessous).
Ce n’est pas grave dans la mesure ou ce graphite va se retrouver dans le trait de coupe du swivel.
Il faut tout de même éviter de prendre un crayon trop gras lors du dessin sur le calque car vous risquez d’avoir du graphite sur les doigts et de tacher le cuir.
6 / Re-mouiller légèrement le cuir
7 / Découpe au swivel en suivant les traces laissées par le stylet.
Il faut tenir le swivel avec le pouce et le majeur. L'index venant se placer sur la partie haute.
Il faut avoir des mouvements doux et surtout continue. Car à chaque reprise vous prenez le risque de changer d'angle (surtout vrai dans les courbes).
Le swivel est particulièrement adapté pour les courbes puisque celui-ci pivote entre vos doigts (pouce et majeur). Vous n'avez donc pas besoin de jouer du poignet pour les courbes.
A partir de ce moment le martelage peut prendre plus ou moins de temps en fonction du motif à marteler.
Comme le cuir a été mouillé en totalité vous pouvez vous contenter de mouiller que les zones ou vous travaillez.
Motif découpé au swivel
8 / Martelage avec les « Bevelers »
Martelage en cours
Martelage terminé
L’œil du phénix a été réalisé avec le stylet pointe fine.
Pour marteler il faut maintenir le matoir à l'horizontal et ne pas trop l'incliné du côté biseauté afin de ne pas marquer le cuir avec le haut du matoir.
Le matoir doit glisser le long du trait de découpe et votre frappe doit être toujours de la même intensité. Sinon vous risquez de faire des marques reprenant la forme du matoir ( voir les exemples ci-dessous).
Exemples avant teinture
Exemples après teintures
On voit sur ces exemples que les défauts de martelage apparaissent beaucoup plus après teinture.
Les lignes correctement martelées sont celles du milieu, ou l’on ne voit pas la trace du matoir. Il faut donc toujours rester vigilant car tout défaut sera amplifié par la teinture.
9 / Martelage du fond
10 / Teinture
11/ Article terminé