Cette fiche technique présente la méthode de fabrication d’un modèle d’armure japonaise appelé "Hatamaki".
Ce projet est né suite à la décision avec quelques amis de participer à la dernière édition du GN La Faille en juillet 2007.
Appartenant à la délégation Scarabée, société au background japano-asiatique, nous devions jouer un groupe d’arquebusiers qu’on dénomme "Ashigaru" (fantassins).
Pour les costumes, les principales sources d’inspirations ont été les deux photos suivantes:
La réalisation des armures devait revenir le moins cher possible car il fallait en effet les fabriquer en quatre exemplaires. J’ai donc retenu un matériau économique que je voulais tester: le revêtement plastique pour sol, plus communément nommé lino.
Modèle d’armure : le Hatamaki
L’inspiration de l’armure provient de cette image trouvée sur Internet:
Pour de plus amples informations, voila un petit article déniché à cette adresse: http://www.samourais-et-ikebana.com/samourais/armures_japonaises.html. En résumé, il est dit que ce type de protection était très souvent porté par les fantassins et la soldatesque de base. Ca tombe bien, c’est exactement l’effet recherché.
J’ai légèrement modifié le modèle afin d’avoir une armure en deux parts distinctes : le torse puis la partie basse (les tassettes protectrices pour les cuisses).
Matériel et outillage
Voici une liste, plus ou moins exhaustive, du matériel utilisé :
- Du lino
C’est un matériau trouvable dans toutes les bonnes boutiques vendant parquets et revêtements de sol. J’ai déniché le mien dans un Hypertapis classique. J’ai utilisé une chute achetée au poids, d’une surface de (0,95x4) m² et d’une épaisseur d’environ 2-3 mm.
- Du tissu noir
Même chose que pour le lino, ça se trouve facilement et pour pas trop cher. De grandes chutes achetées au poids font très bien l’affaire.
- De la peinture type "Glycéro" de couleur noire et brillante
J’ai acheté les pots au rayon bricolage du supermarché du coin, rien d’extraordinaire donc.
- Une pince emporte-pièce pour percer des trous dans le cuir
J’appelle ça une "trouyoteuse" faute de mieux (que les professionnels me pardonnent). C’est un outil indispensable et je ne recommande pas de se lancer dans ce tutorial sans cet outil.
- De la lanière ou du lacet en nylon/tissu/polyester
Il va servir au laçage des pièces d’armures entre elles. Il en faut de grandes quantités. Pour donner une idée, pour les 4 armures, il en a fallu... une centaine de mètres ! On peut en dégotter dans des magasins spécialisés en cordage (beau mais cher) ou alors des magasins de bricolage (pour du bas de gamme)
- De la colle néoprène liquide (environ 3 pots de 500 ml)
- Une paire de ciseau ou un cutter
- De la craie
- Papier, crayon, règle, imprimante – pour toute l’étape de la confection du patron
Première étape : fabrication du patron
L’idée de base est de réaliser des pièces rectangulaires de tailles différentes pour :
- le plastron avant
- les deux cotés sous les aisselles (droit et gauche)
- le dos, en deux bandes symétriques, qui se fermeront ensuite par laçage
- les tassettes appelées "Kusazuri"
- la ceinture sur laquelle viennent se lacer les tassettes
En plus de ces pièces basiques, il y a des pièces un peu spéciales notées en "lettre + 0". Elles correspondent aux pièces passant sous les bras et celle retenant les bretelles de l’armure. Les différents patrons des pièces sont présentés dans les documents ci-joints. Les dimensions sont notées en centimètres.
Cette étape a été longue à réaliser, car évidemment sur les quatre copains, pas un n’a la même taille et le même gabarit et par conséquent, il faut ajouter ou enlever des pièces. J’ai donc défini deux gabarits distincts.
- Le gabarit moyen correspond à une personne de 1m65 à 1m70.
- Le grand gabarit correspond à une personne de 1m75 à 1m80.
Pour avoir une idée finale de l’armure, voilà une vue d’ensemble avec toutes les pièces disposées en place.
Deuxième étape : découpe des pièces d’armure dans le lino
Une fois les patrons imprimés et remis à la taille 1/1, on peut procéder au report des pièces sur le lino.
Le traçage se fait sur la partie « mousse » du lino, celle qu’on colle usuellement par terre. Il vaut mieux utiliser de préférence un feutre plutôt qu’un stylobille qui laisse des marques sur la matière.
Une des méthodes possibles afin d’économiser au maximum la surface est de commencer par tailler de grandes bandes de la bonne largeur sur toute la longueur du lino, puis de retailler ensuite à la bonne longueur suivant les pièces désirées.
La découpe peut se faire au cutter pour avoir des côtés bien droits, mais une bonne paire de ciseau convient aussi notamment pour la découpe des pièces un peu biscornues.
Troisième étape : peinture des pièces d’armure
Il s’agit de peindre les pièces précédemment découpées sur la surface "mousse" du lino. J’ai pris un vieux morceau de mousse de matelas comme pinceau de fortune, que j’ai passé sur les pièces en tamponnant la surface.
Il y a deux couches de peinture sur chaque pièce, la mousse absorbant pas mal. Avec une seconde couche, le rendu est un plus brillant et donne un effet laqué assez joli.
Comptez de 3 à 8 heures entre chaque couche de peinture, histoire de ne pas avoir de mauvaise surprise. Personnellement, j’ai travaillé sur des week-ends avec la première couche le vendredi soir, la seconde le samedi après-midi... et le dimanche pour faire le reste.
Quatrième étape : collage du tissu sur les pièces d’armure
Une fois la partie mousse peinte, il est temps de s’occuper du coté plastifié du lino. Peindre sur cette surface est d’avance vouée à l’échec, il n’y a aucune accroche du produit.
Je souhaitais quand même recouvrir ce côté pour des raisons esthétiques – l’effet de surface plastique étant pas terrible pour de beaux guerriers – et par la même occasion solidifier autant que possible les plaques pour éviter des problèmes de déchirure quand sera venu le temps de faire les trous. Pour résoudre ce problème, j’ai tout simplement collé chaque pièce d’armure peinte sur du tissu noir selon la méthode suivante :
- Etendre une fine couche de néoprène sur le lé de tissu
- Encoller le côté plastifié de chaque pièce de lino préalablement peinte
- Attendre quelques dizaines de secondes jusqu’à ce que la colle néoprène soit sèche au toucher
- Presser fortement le morceau de lino sur le tissu en veillant à ne pas faire de plis disgracieux (ou en tout cas le moins possible)
- Recommencer les opérations précédentes jusqu’à ce que toutes les pièces soient collées en laissant à chaque fois quelques millimètres d’espacement entre chaque pièce
- Mettre sous presse (planche de bois et encyclopédie) plusieurs heures
- Après séchage, découper le pourtour des pièces à l’aide d’une paire de ciseau et enlever le tissu excédentaire
Cette étape est très simple à réaliser et peut être effectuée en parallèle de l’étape de peinture pour peu que vous ayez beaucoup de pièces à réaliser (ce qui fut mon cas).
Cinquième étape : le travail de perçage ou comment faire des tas de petits trous...
L’avant dernière phase de la fabrication va consister à faire le perçage des plaques d’armure pour pouvoir ensuite réaliser le laçage de l’ensemble.
Le document ci-joint donne l’emplacement des trous devant être fait, leur positionnement par rapport à la taille de la pièce ainsi que le diamètre des trous. Ce diamètre peut varier selon le modèle d’emporte-pièce et le type de lacet d’attache qui sera choisi.
Il faut dans un premier temps positionner sur chaque plaque l’emplacement des trous. On fabrique tout d’abord des gabarits en papier identique aux patrons de chaque pièce. Je recommande de les tracer sur du papier quadrillée à petit carreau si possible, cela facilite le positionnement des trous qu’on place à l’intersection des carreaux. Ce n’est pas non plus inutile de les renforcer avec un peu de carton car ils s’abîment très vite. On fait ensuite les trous à l’emporte-pièce dans chaque gabarit.
Une fois tous les gabarits prêts, on peut passer au marquage en série des pièces :
- Placer le gabarit sur la pièce
- Passer un coup de craie au niveau des trous du gabarit
- Enlever le gabarit… O miracle, le repérage est fini !
Et c’est à ce moment très précis qu’on regrette de s’être lancé dans cette entreprise quand on se rend compte du nombre de trous qu’il va falloir réaliser... Juste vous et un bête emporte-pièce, seul, abandonné... Alors faites comme moi, demandez l’aide d’un gentil esclave pour qu’il vous donne un coup de main...
Autant prévenir tout de suite, c’est très ennuyeux à faire et aussi très fatiguant pour la main. Prévoyez de bons copains, débrouillez-vous pour vous procurer un second emporte-pièce, mettez de la musique... Bref, faites ça dans une ambiance cool et détendue pour éviter la crise de nerfs et envoyer tout valdinguer avant la fin.
Pensez aussi à faire des pauses régulières pour vous reposer les doigts. Le lino est mou mais le tissu qui le recouvre rend le perçage plus difficile. Il faut forcer relativement pas mal pour traverser l’ensemble. Si, comme moi, vous êtes en retard dans votre projet et que vous négligez de vous reposer, vous allez gagner en bonus un début de tendinite...
Autre remarque : vous allez rapidement vous rendre compte que vous participez sans le vouloir à un remake du "Poinçonneur des Lilas". Vous allez vous retrouver noyé sous de minuscules confettis qui s’immiscent partout et dont on se débarrasse avec difficulté. Les copains et moi avons trouyouté dans notre local dont le sol est recouvert de moquette. Bilan : après neuf mois et une quinzaine de passage d’aspirateur, on trouve encore de ses saletés de %£¨¨%$%* !
Mais une fois ces difficultés surmontées, vous aurez le plaisir de découvrir votre œuvre, à savoir des dizaines de plaques enfin terminées n’attendant plus que d’être montée en armure.
Dernière étape : mise en place des lacets de soutien
Pour avoir une idée finale du laçage, voilà une vue d’ensemble de ce à quoi vont ressembler les armures une fois lacées.
Le schéma présenté n’est pas exact et n’est la que pour donner une idée générale. En vérité, le système de laçage est un peu plus complexe. Un dessin valant mieux qu’un long discours, voilà un schéma explicatif sur comment passer le lacet dans les plaques.
Le laçage que j’ai réalisé sur ces armures est faux historiquement d’après ce que j’ai pu comprendre par la suite. Je n’ai pas eu le courage de recommencer le tout à la fois par manque de temps et également parce qu’au final, les armures me conviennent très bien comme ça au niveau esthétique sans être gênante à porter. Libre à vous de modifier cette méthode comme vous le souhaitez.
Photos finales
Voila en images le résultat (presque) final des armures. Vous remarquerez qu’il manque des lacets sur certaines plaques ; c’est normal puisque les photos ont été prises au moment des essayages.
Vous remarquerez également qu’il y a certaines plaques du Kusazuri qui comportent 5 rangées de trous au lieu de 3 sur les photos suivantes. J’avais dans l’idée au départ d’en faire autant que sur le dessin me servant de base… idée que j’ai vite abandonné quand j’ai vu le nombre de trous à faire...
En voilà le résultat terminé, porté sur le GN avec le costume...
Ils sont pas beaux, nos valeureux fantassins japonais ?
Conclusion et coût du projet
Ces armures ont été portées trois jours en continu sans inconfort particulier. Au contraire, le lino est très léger ce qui fait qu’on ne ressent absolument pas le poids, ni la gêne que pourrait occasionner une armure "véritable". Pour ce qui est de la transpiration, je craignais un peu d’en souffrir (revêtement plastique et couleur noire…) mais malgré le premier jour sous une chaleur torride, rien à redire à ce sujet.
Ce projet m’est revenu à environ 190 euros, matériau et outillage compris. Le poste le plus cher de ce budget est celui dévolu au lacet (environ 40 euros). Vient ensuite le tissu (environ 30 euros) et le lino (20 euros).
Pour le temps de travail, il a fallu compter environ 120 heures à 2 personnes (deux week-ends à temps plein, plus une bonne dizaine de séance en soirée bien remplis de cinq heures chacune environ).
N.B. Ces données sont calculées pour l’ensemble des quatre armures et ne seraient donc être représentatives si vous ne comptez en fabriquer qu’une seule.
Commentaires faits à l'époque
Je vais essayer de transformer un peu ton patron pour en faire une armure qui s'ouvre sur les côtés (un ronin qui peut pas mettre son armure tout seul, je trouve ça limite). J'ai essayé de faire les sode (épaulettes), pour commencer.
Pour ceux que ça intéresse, je posterais le résultat fini dans le post vos réalisations.
Bonjour, je voudrais faire
Bonjour, je voudrais faire cette armure, mais le problème c'est que les patrons téléchargeables sur l'ancien site ne veulent pas s'ouvrir sous adobe et ils ne sont pas disponible ici. Quelqu'un aurais-t-il la possibilité de les mettre à disposition ?
bonjour pourrais tu donner
bonjour
pourrais tu donner le lien vers "l'ancien site" dont tu parles stp ? que je puisse chercher ...
sinon, vas faire un tour ici : http://www.sengokudaimyo.com/katchu/katchu.htm
en anglais, mais tu devrais avoir ce qu'il fautl